Violette Thévenin
Témoignage
Quand bivouac rime avec inclusion
Rencontre avec Violette Thévenin, éducatrice sportive en Activité Physique Adaptée dans l'association Big Bang ballers
Pour vous, qu’est-ce que l’opération 1001 Nuits Alpines ?
Pour moi, c’est un cadre pour monter des projets autour du bivouac et de la randonnée auprès des publics qui en sont éloignés, et qui n'ont pas la chance d'avoir accès à ça dans leur quotidien.
Qu'est-ce qu'a apporté l'opération à votre projet ?
Elle nous a permis d'être mis en relation avec des guides de montagne et des intervenant.e.s -et de pouvoir partir bien encadrés- mais aussi d’avoir du matériel de montagne pour les jeunes.
"L’opération nous a donné les bons outils et permis de partir en séjour."
Qu'est-ce que l’opération vous apporte personnellement ?
1001 Nuits Alpines nous fait changer de cadre, d’univers, de lieu, pour se retrouve dans un milieu plus naturel et intimiste. Ça nous permet de discuter un peu plus de la vie des uns des autres, d’échanger sur des petites choses du quotidien qu’on n’a pas l’habitude d’évoquer habituellement. D’habitude, on fait plutôt des activités sportives et on prend moins le temps de se poser, de discuter, alors que là c'était des moments très chaleureux, conviviaux. On partageait les petites aventures, les petites galères, ce qui rassemble plus facilement. Le fait de dormir ensemble, se réveiller le matin dans les tentes, ça nous a rapproché !

Je pense que ça leur a appris à moins avoir peur du milieu naturel, de la montagne et de la forêt. Quand on y est jamais allés, on a parfois des a priori et on a peur d’y dormir. C'était un challenge, un défi de dormir dans la forêt : pour eux c'était inconcevable, ils ne savaient presque pas que c'était possible et ça les a bien sorti de leur zone de confort ! Pour les participant.e.s qui étaient un plus plus âgé.e.s, ça leur a permis de découvrir cet univers, de sortir de leur foyer et d'être dans un cadre un peu magique, crapahuter, dormir sous tente et à apprendre à se débrouiller dans la nature, à faire un feu, ce qu’on a pas l’habitude de faire normalement…
"être dans un cadre magique, à crapahuter, dormir sous tente et apprendre à se débrouiller dans la nature..."
Qu’est-ce que que 1001 Nuits Alpines vous permet d'aborder avec les jeunes ?
Le cadre du séjour nous a permis d'avoir des discussions un peu plus profondes sur comment ça se passe pour chacun d'entre eux à la maison, à l’école, au travail, et d'en apprendre plus sur leur parcours. On a fait des petits jeux où chacun devait raconter une anecdote sur le foyer, et ils pouvaient raconter quelque chose et on devait savoir ce qui était vrai de ce qui était faux. C’était chouette et on a appris plein de choses sur chacun d’entre nous.

"Ça les a fait sortir de leur zone de confort, de se retrouver face à la réalité de la nature, à ce qui est important ou pas"
Quel est votre souvenir le plus marquant de cette sortie ?
Le moment le plus marquant, c’était l’installation du bivouac, du moment où on a trouvé le petit endroit où passer la nuit à celui où on a fait à manger. Il s'est alors mis en place une belle dynamique collective. On s'est approprié ce petit endroit, on est allés chercher des troncs d’arbre pour faire des sièges autour du feu et les enfants se sont installés dans leurs tentes. Ils ont découvert le fait d’aller dans la forêt pour faire pipi, pour se changer, pour faire sa toilette...
Est-ce que vous trouvez qu’il y a des choses qui ont manqués, des points à améliorer ?
C’était très chouette en terme d’organisation, c’était très fluide, vraiment aucun problème.On a eu des difficultés au niveau du matériel individuel. Le matériel de bivouac (duvets, matelas, sacs à viande, tentes) a été fourni par l'accompagnateur de l'association Alpes-là ! mais les jeunes avaient de mauvaises chaussures et d'énormes vestes qu’il fallait porter la journée. De notre côté on ne s’y attendait pas, on pensait qu’ils avaient au moins une paire de baskets, mais non. Il n’avaient pas de bons vêtements adaptés, légers, pratiques et chauds. Le manque de matériel individuel adapté a donc été le principal point noir.
Et en quoi selon vous l’opération peut répondre à ces difficultés ?
Dans le cadre de 1001 Nuits Alpines, il pourrait y avoir de la mise en relation des gens qui peuvent faire des dons, peut-être demander à Emmaus, à des friperies et pouvoir prêter des affaires pour ce genre d’occasion… il y a tellement de gaspillage de vêtements que c’est sûr qu’il y a quelque chose à faire !

"C'est une occasion en or ! Ce n'est pas tous les jours qu'on peut nous aider à ce point-là à faire des projets !"
Pour finir, qu’est-ce que vous diriez à un futur porteur de projet qui hésite à se lancer ?
Que c’est une occasion en or ! Ce n’est pas tous les jours qu’on peut nous aider à ce point-là pour faire des projets, donc la question ne se pose même pas ! Si on en a envie et qu’on a l’opportunité et des personnes motivées pour le faire il faut saisir cette occasion !
Entretien réalisé par Educ'alpes (mai 2022)
À propos de la structure
Big Bang Ballers est une association d'éducation par le sport pour tous.tes à Grenoble (38) L'association a une vocation d'inclusion sociale à travers la pratique sportive et a participé à 2 éditions de l'opération 1001 Nuits Alpines en emmenant des jeunes réfugié.e.s et exilé.e.s randonner et bivouaquer dans le Vercors.
Le témoignage en version PDF :
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